Chronologie
- 1905 : un parc aérostatique est créé à Beauval, près du champ de manœuvres et de la première zone industrielle de Meaux.
Le barrage des Basses Fermes, à proximité, permettant la production d’énergie.
- 3 juillet 1905 : le Lebaudy II, dirigeable militaire, atterri à Beauval, en route pour Châlons. Atterrissage de fortune à La Ferté-sous-Jouarre le 4 juillet, dû à la météo. Repart le 6 vers la frontière pour faire enrager les allemands qui frimaient avec leur Zeppelin !
- Septembre 1908 : la société de construction aéronautique Astra (fondée par Henry Deutsch de la Meurthe) édifie un hangar spécial (L : 106m, l : 17m, h : 25m, A. Michelin constructeur ).
- 13 juillet 1909 à 19 :00 premier vol du dirigeable militaire Colonel Renard, assemblé à Beauval par Astra. Comme la plupart des dirigeables français, les Astra sont des dirigeables souples de taille relativement modeste, contrairement à l’école allemande, qui préconise l’ossature rigide (F. von Zeppelin) permettant des constructions plus imposantes.
- 16 juil. 1909 : le Ville-de-Nancy se pose en catastrophe à Guérard à cause de problèmes de moteur et brise son hélice.
- 18 juil. 1909 : partiellement remis en état, il décolle pour aller se poser à Beauval où il sera réparé. Il repart l’après midi même vers Nancy, qu’il atteindra sans encombre, mais où il sera finalement définitivement remisé, l’hydrogène pur ayant fini par corroder l’enveloppe...
Plus tard, un chroniqueur rapportera ces évenements de la manière suivante :
« En juilet 1909, le Ville-de-Nancy, se rendant de Sartrouville à Nancy, fit escale à Beauval où l'on put alors contempler le rare spectacle des deux majestueux aéronats manoeuvrés ensemble et côte à côte par les sapeurs aérostiers : tous deux furent rentrés au hangar; quelques heures plus tard, la Ville-de-Nancy était amenée de nouveau sur le terrain, s'élevait lentement dans les airs au joyeux ronflement de son moteur; puis, l'hélice ayant été embrayée, piquait droit sur Nancy où il arrivait sans encombre 5 heures après ».
Le Ville-de-Nancy était un frère jumeau du Colonel Renard, mais à vocation civile, volant pour la Compagnie Générale Transaérienne, une des premières sociétés de transport aérien.
- 15 aout 1909 : grande semaine d’aviation à Reims. Le Colonel Renard remporte le prix des aéronats pour 50 km en 1h 19’ 49" 1/5e... on croit rêver!
- 1909 : le 3e dirigeable d’Astra, l’España est essayé à Beauval. Il a été construit pour l’armée espagnole qui compte l’utiliser au Maroc. Il est très similaire de conception aux Ville-de-Nancy et Colonel Renard.
- 5 novembre 1909 : un grave incident menace de mettre fin à la carrière de l’España : rupture de l’arbre de transmission, brisant la nacelle. Atterrissage en catastrophe de main de maître par le pilote Airault, à Frémainville, Seine & Oise, à 85 km de Meaux. Ramené à Beauval, réparé et modifié, l’España sera livré aux autorités militaires espagnoles début 1910.
- Fin 1909 : À la suite de la catastrophe du La République (Lebaudy), le Colonel Renard est modifié à Beauval.
- Janvier 1910 : inondations gênant les opérations durant 2 mois.
- Mars 1910 : Les essais étant terminés, le Colonel Renard est officiellement réceptionné par les autorités militaires.
- 13 et 14 juil. 1910 : le Colonel Renard se rend à Issy-les-Moulineaux et survole la revue des troupes à Longchamp.
- 6 aout 1910 : Charles Weymann (futur carrossier célèbre, ses carrosseries seront faites de bois et toile, comme les avions), se rendant de Mourmelon à Issy-les-Moulineaux fait escale à Beauval avec son Farman.
- 23 mars 1911 Henri Contenet (champion cycliste d’alors), après de nombreux incidents, passe son brevet de pilote sur biplan Astra-Wright. Sa malchance deviendra légendaire...
- juin 1911 : la vedette (*) militaire Astra-Torrès remporte le prix Armand Deperdussin pour parcour circuit fermé de 100km avec escales fixées à l’avance.
(*) la terminologie maritime est souvent utilisée pour les dirigeables : suivant la taille et la fonction on parle par exemple de vedettes, de corvettes ou de croiseurs. De plus, c’est la Marine qui au bout du compte sera le plus gros utilisateur de dirigeables durant la grande guerre.
- 1914-1918 : des escadrilles de reconnaissance occupent le terrain. Le hangar à dirigeables est abattu.
- juil 1921 : André Martenot de Cordoux réorganise l’aérodrome de Beauval. Il fait l’acquisition de 5 avions des surplus : Nieuport et Caudron, et propose des baptêmes de l’air.
- 1934 : création d’un aérodrome à Isles-les-Villenoy (futur aérodrome de Meaux-Esbly, LFPE), et abandon de Beauval.
Les dirigeables
Caractéristiques techniques des principaux dirigeables vus à Beauval
(Astra constructeur)
|
Longueur |
Diamètre |
Volume |
Moteur |
Puissance |
Ville de Nancy |
55 m |
10,00 m |
3300 m³ |
Clément-Bayard |
115 cv |
Colonel Renard |
64,75 m |
10,80 m |
4200 m³ |
Panhard & Levassor |
120 cv |
España |
64,75 m |
12,66 m |
4200 m³ |
Panhard & Levassor |
120 cv |
Astra-Torrès |
47,72 m |
8,40 m |
1590 m³ |
Chenu |
55 cv |
Ces engins ont des vitesses de pointe à peine supérieures à 50 km/h. Le record des 50 km du "Colonel Renard" le 15 aout 1909, est effectué à environ 38 km/h de moyenne. L’España aurait atteint les 80 km/h lors d’un essai, mais cela doit être dû à un fort vent en poupe! En fait, ces vaisseaux des airs ont des performances assez similaires à leurs homologues des mers… mais ils sont infiniment plus vulnérables, d’où leur succès limité.
Sur le plan logistique, le bilan n’est pas brillant non-plus : un aéronef de 4 à 5000m³ nécessite une usine à hydrogène (comme à Beauval) ou des trains entiers pour transporter les lourdes bouteilles de gaz (80 tonnes pour 360 kg de gaz non liquéfié, correspondant à 4000 m³). Un rapport de la Commission Supérieure Aéronautique en avril 1913 conclu que deux croiseurs se relayant tous les 10 jours, monopoliseraient autant de ressources que quatre escadrilles d’avions.
sources & bibliographie
- Meaux et ses environs, guide du Comité d’initiative, 1912 et 1923.
- Le parc aéronautique de Beauval jusqu’en 1914, Jean-Louis Duffet, in Bulletin de la Société Littéraire et Historique de la Brie, 52e volume, 1997
- Dictionnaire Topographique et Historique des rues de Meaux, vol. III, "Faubourgs et nouveaux quartiers", Société Littéraire et Historique de la Brie, 1999, ISBN 2-9514830-0-7
- Cartes postales : "compilation Julien Sarrazin", collection privée. Remerciements à MM Lamy, Durieux et Blanc pour leur contribution.
- Autres liens et références.